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Art cousu : color(pl)is

C’est « l’homme à la pipe » de Fernand Léger (1918) qui m’a inspirée. J’aime beaucoup cette palette inhabituelle de couleurs et ce côté cubiste (et aussi le petit animal à l’arrière plan). L’idéal pour réfléchir à un vêtement couleurs d’automne, assez graphique, comme j’aime.

Ma première idée fut de reprendre les bandes de couleurs verticales du tableau : en ce sens, elles ne me grossiraient pas. Et de faire soit un haut, soit un bas, pour ne pas surcharger la tenue.

Ma deuxième idée fut d’apporter différents plans aux couleurs, du volume au vêtement : pourquoi pas une jupe à plis ? Celle-ci rappellerait l’imbrication des couleurs et les « éventails » : le demi cercle rouille et blanc, l’arc noir et blanc et les escaliers. Et je porte des jupes à plis.

Ma troisième idée fut que la jupe change en fonction d’où on la regarde (en référence au cubisme). Pour cela, j’ai choisi de faire une asymétrie dans l’agencement des couleurs (en gardant une unité des couleurs) : le devant et le dos sont différents, autant que le côté gauche et côté droit. A à chaque quart de tour (et plus), une nouvelle composition colorée apparaît.

J’ai donc choisi un patron de jupe à plis, composée déjà de 4 pans : Knip Mode 11/2014, modèle 30. En coupant chaque quart de jupe en deux, j’obtiendrais 8 pans de couleurs. J’ai donc modifié le patron. J’ai fait attention à ce que la nouvelle jointure tombe au milieu du pli et évalué où couper en fonction du droit fil, pour le tombé.

Comme il y avait du travail à faire avec des pièces de couleurs, j’ai souhaité avoir des tissus de même gamme. J’ai trouvé mon bonheur au Stofenspektakel de Mons.
Par rapport à la peinture, j’ai choisi d’éliminer d’emblée l’association noir et blanc qui forme un contraste trop fort pour ma peau (que je ne porte jamais).
A mon grand dam, point de moutarde dans cette gamme de cotons assortis. J’ai superposé les rouleaux de tissus pendant 1h avant d’arrêter mon choix. Sur le devant et le dos, on retrouve les « neutres » du tableau (gris, marron + marine), mais dans des ordres différents. Le violet et le rouille, plus vifs, ne sont présents qu’une seule fois sur la jupe.

Pour la réalisation, j’ai coupé, surjeté et assemblé chaque pièce une à une, pour ne pas me tromper… Cela m’a pris plus de temps, mais m’a évité de gâcher du tissu et de découdre. J’ai aussi surpiqué les raccords couleurs. Et j’ai doublé la jupe pour les bas nylon.

Enfin, j’ai sélectionné ce patron car j’aime aussi les détails de la taille (à souligner pour ma morphologie). J’ai donc pu faire un rappel sur la ceinture des lignes omniprésentes dans le tableau, avec les chutes. J’ai pris beaucoup de plaisir dans ce détail. Dans la foulée, j’ai réalisé une deuxième ceinture sur base du motif plus compliqué de l’escalier du tableau (vive l’équerre et le fer à repasser !). Sur celle-ci, les motifs recto et verso sont différents et forment de nouvelles compositions.

Il me reste du tissus pour me faire des petits hauts assortis. Mais j’ai déjà de quoi l’accompagner dans ma garde robe.

Merci à T&N pour ce concours : un hommage à Fernand Léger et une jupe colorée-mais-pas-trop qui me va.
(Désolée pour le pavé, nécessaire à expliquer ma démarche et le lien entre ma jupe et « l’homme à la pipe ». Et pas de blog où le faire).

Cette oeuvre a été publiée sans l’autorisation de l’artiste ou de ses ayants-droits et sera retirée immédiatement s’ils en font la demande.

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