Un abat-jour sur mesure
Besoin d’un abat-jour à la forme ou aux dimensions peu courantes ? Envie d’un abat-jour original et parfaitement assorti à votre déco ? Voici quelques pistes pour vous aider à vous lancer !
Ces derniers temps, j'ai chiné plusieurs lampes et lampadaires anciens dotés d'abat-jour démodés et encrassés. Après avoir écumé en vain les magasins de ma région en quête de leurs remplaçants (et découvert par la même occasion qu'il existait des abat-jour à 400 €), j'ai décidé de mettre mes petites menottes à contribution pour les fabriquer moi-même. Autant vous prévenir tout de suite : s'il existe des professionnels spécialisés dans la confection d'abat-jour, c'est qu'il y a une bonne raison. Quand on n'y connaît rien, le processus est assez long et demande pas mal de réflexion et de dextérité. Pour les trois abat-jour que j'ai réalisés, j'ai progressé en mode "essais et erreurs", en faisant de grosses bêtises et en essayant d'y remédier à la tentative suivante. Petit retour sur mes expérimentations, qui feront sans doute doucement rigoler les Needlenautes qui ont la bosse des maths et, encore plus, celles qui maîtrisent bien le processus !
Abat-jour 1 : celui qui m'a fait réviser ma géométrie dans l'espace (niveau 1)
Pour le premier abat-jour, je suis partie la fleur au fusil, sans même prendre de photo du monstre d'origine, un cône tronqué qui avait été fait main en soie plissée et qui était orné d'une frange hideuse. J'ai décousu illico presto le tissu pour récupérer la carcasse métallique, composée d'un petit cercle en haut et d'un grand cercle en bas, solidarisés l'un à l'autre par 8 tiges verticales.
Les fournitures : de la cretonne de coton avec un apprêt assez rigide, un galon décoratif, du fil et une aiguille.
La mauvaise intuition : à plat, le gabarit doit être un trapèze.
L'impitoyable vérité : un trapèze, une fois projeté en 3D, ne permet pas d'obtenir un cône tronqué (pardon à tous mes anciens profs de maths).
La résolution du problème : tailler 6 trapèzes de tissu et les assembler afin de créer non plus un cône tronqué, mais un genre de prisme hexagonal un peu incurvé. Les faces ont été cousues à la machine, avec les coutures intérieures rabattues pour que ce soit joli vu du dessus et lorsque la lampe est éclairée. L'ensemble a ensuite été fixé sur les cercles avec des points cousus à la main. Le galon, lui aussi attaché à la main, sert à masquer la couture. Marges : 1 cm.
Le résultat : on obtient ainsi un abat-jour à la forme originale, non doublé, qui reste souple et qui, une fois la lampe allumée, crée des contrastes forts mettant en valeur la structure de la carcasse.
Abat-jour 2 : celui que j'ai dépiauté trop vite et qui s'est vengé en me faisant réviser ma géométrie dans l'espace (niveau 2)
Pour ma deuxième tentative, l'objectif était de remplacer le grand abat-jour (environ 150 cm de circonférence) d'un vieux lampadaire. J'ai fait comme la première fois et j'ai sauté sur l'abat-jour pour en extraire la structure métallique, qui consistait en deux cercles mobiles. Cette fois, pas moyen de s'appuyer sur les tiges verticales puisqu'il y en avait pas : il me fallait donc absolument tracer un gabarit de cône tronqué et le rigidifier pour éviter que le cercle du bas ne se balance au moindre courant d'air.
Les fournitures : de la cretonne de coton imprimée, un galon à pompons, du polyphane translucide, un pistolet à colle chaude.
La mauvaise idée : ne pas avoir conservé l'abat-jour d'origine.
La résolution du problème : pour m'aider à construire le gabarit, j'ai utilisé ce calculateur bien pratique, mais, si vous voulez cogiter par vous-même, vous trouverez les calculs à faire expliqués ici. J'ai reporté les mesures données par le calculateur sur du papier à patron. Le gabarit a ensuite été tracé sur une feuille de polyphane (le matériau plastifié utilisé pour rigidifier les abat-jour du commerce). J'ai ajouté 1 cm de marge à l'une des extrémités pour pouvoir faire le raccord, puis découpé au cutter. Le gabarit a ensuite été reporté sur le tissu en laissant 1 cm de marge en haut, en bas et au niveau du raccord latéral.
La confection : la première étape consiste à coller le polyphane (dont une face est adhésive) sur le tissu, en laissant les marges libres. L'opération est assez simple et aucune bulle ne se crée si l'on retire doucement le papier recouvrant la face adhésive. Le polyphane est repositionnable en cas de besoin.
Le tissu renforcé doit être fixé aux cercles métalliques en utilisant les marges supérieure et inférieure. Pour ce faire, j'ai utilisé un pistolet à colle chaude. Cela n'est pas recommandé dans tous les cas (cf. expérience 3), mais, avec un tissu ayant de la tenue et un fond clair, c'est très pratique puisque la colle prend rapidement et que l'opération reste réversible. Le moment le plus délicat est celui du raccord parce qu'il faut faire se chevaucher les deux extrémités et les coller tout en maintenant la forme de l'abat-jour pour éviter d'avoir des creux et des bosses.
Le résultat : La partie inférieure de l'abat-jour a été agrémentée d'un galon à pompons de la couleur des rideaux, fixé à la colle chaude. Une fois allumé, le lampadaire diffuse une lumière homogène et diaphane.
Abat-jour 3 : celui qui prouve que je suis devenue plus maligne, mais qui est loin d'être parfait.
Cette fois, j'ai religieusement conservé l'intégralité de l'abat-jour d'origine pour pouvoir m'en servir de gabarit. Sans surprise, cela permet de gagner un temps fou.
Les fournitures : du lin rouge, du polyphane translucide, de la colle chaude, du ruban de finition adhésif.
Les mauvaises intuitions : choisir un tissu ductile quand on est débutant et utiliser de la colle chaude sur un tissu fragile et coloré.
La confection : mon assistant préféré a fait rouler doucement l'abat-jour d'origine sur l'étoffe à tailler tandis que je notais la forme à la craie. J'ai ensuite ajouté 1 cm de marge en haut, en bas et au niveau du raccord. Bis repetita sur le polyphane.
Ensuite, j'ai procédé comme pour l'abat-jour précédent, mais, cette fois, j'ai fini les bords avec du ruban adhésif spécial abat-jour (qui peut être remplacé par du biais en tissu).
Le résultat est mitigé. De loin, l'abat-jour fait illusion, mais de près, les finitions sont loin d'être parfaites. Le lin n'a pas apprécié la colle chaude, qui a laissé des traces blanches et qui aurait dû être remplacée par de la colle textile. Tissée lâche, l'étoffe s'est en plus pas mal déformée lorsque je l'ai manipulée, ce qui m'a empêché d'avoir des marges régulières à l'arrivée. Le ruban adhésif sert à masquer une partie des dégâts, mais il va falloir ajouter un galon un peu large pour que ça fasse vraiment propre.
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Envie de vous lancer ? Voici quelques inspirations.
Quelques abat-jour ont fleuri dans la galerie au fil des années. En voici trois dans des styles très différents :
Géométrique par La Fée du Val ; brodé par Lucie_Mdha ; crocheté par Tizia Tubino
On trouve également de nombreuses options intéressantes sur le net :
Pour les as du macramé : source 1 - source 2 - source 3
Pour jouer à cache-cache (source) ; en velours et polyphane doré (source) ; avec des fleurs en volume (tuto).
En fils multicolores (source) ; à pompons (tuto) ; recyclé (tuto).
Où trouver les fournitures ?
- La boutique en ligne Intérieur Lumière propose à la vente de nombreux cercles et carcasses métalliques, des kits, du polyphane, des colles, des galons et cordons, des bordures adhésives, etc. Petit plus : vous pouvez aussi y acquérir divers gabarits en taille réelle.
- La boutique en ligne L'Atelier des abat-jour propose également ce type de fournitures, ainsi que des gabarits sur mesure.
- Du polyphane en petite longueur est vendu chez Rougier & Plé, Cultura, Ma Petite Mercerie, Perles & Co, etc. Si vous comptez faire un grand abat-jour, vous trouverez du polyphane en grande longueur chez Intérieur Lumière et Amazon. Notez que le polyphane existe en différents niveaux d'opacité et en différentes épaisseurs.
- Pour la passementerie, outre les sites déjà cités, pensez à eBay et Etsy. Sur eBay, des vendeurs comme night-glass, part_4219 ou christine272321 proposent des galons souvent anciens, parfois lyonnais. Sur Etsy, la boutique grecque DetailsTrimmings regorge de passementerie de belle qualité dans toutes les teintes.
Un peu de lecture
Raphaël-Didier De l'Hommel, Savoir faire des abat-jour soi-même, Ed. Ouest France, 2011 (acheter chez nos partenaires Eyrolles et Amazon).
Mokette Olivier, Le grand livre des abat-jour, Fleurus, 2008 (Amazon).
Natalia Price Cabrera, Lampes à faire soi-même, Ed. de Saxe, 2016 (Amazon).
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Image de tête : les abat-jour en wax de Lou'lys.
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Merci pour cet article intéressant ! C'est vrai qu'au départ, cela a l'air tout simple mais quand on s'y frotte, ce n'est plus vraiment pareil !
Je suis allée regarder d'un autre oeil ma jolie lampe qui a un abat jour dégueu ... mais je crois que je vais plutôt tenter d'en acheter un nouveau. Tes abats jours semblent très réussis : on ne voit aucun défaut sur les photos. Mais quel boulot !
Merci pour cet article!
Pour info, il existe du polypropane autocollant, donc pas besoin de colle chaude. C'est bien efficace!
J'ai fait deux abats-jours avec ça + de la colle UHU pour coller les bords des tissus, en utilisant du vieux sari en soie. Super joli rendu et très bonne tenue des couleurs dans le temps. Je vais tenter de mettre les photos dans la galerie!
Merci, Tita, pour cet article fort intéressant. J'ai, moi aussi, des lampes anciennes et je trouve que les abat-jour que l'on trouve dans les magasins ne sont pas folichons!
Je suis fan de ton numéro 2: il est ravissant!
Tu me donnes à la fois l'envie et la peur de me lancer: ça a l'air si difficile !!!
Merci Tita pour cet article qui m'a bien fait rire (désolée)... en tout cas, même si tu connais leurs défauts ils font leur petit effet ! Je voulais m'essayer à refaire une suspension type boule japonaise, et en mesurant la difficulté j'avoue n'avoir pas osé. Je pense que grâce à tes conseils je vais commencer tout doux avec des abats-jours ;-)
J'avais déjà beaucoup aimé tes photos sur Instagram, je suis ravie de retrouver ici un complément d'information riche et instructif. Je ne sais pas si je me lancerai un jour dans cette expérience, mais je suis contente d'en connaître davantage sur le sujet suite à cette lecture fort sympathique![cool](https://www.threadandneedles.org/static/ckeditor/ckeditor/plugins/smiley/images/shades_smile.png)
Suite à cet article et à celui des rideaux , je me demandais si tu t'étais posée la question de la couture des linges de Lits (constitution d'une parure complète: drap, couette, housse de matelas et taies d'oreillers) ? Les parures du commerce sont souvent d'un rapport qualité-prix médiocres. Suite à une énième mauvaise expérience, mon conjoint m'a demandé si les coudre ne pourrait pas être une alternative intéressante. De prime-abord, j'aurais tendance à dire que non (du fait de la dimension des laizes notamment), mais je n'ai pas creusé plus que ça...
@Charlie pop : le linge de lit c'est facile et rentable ! Surtout si tu as récupéré des vieux draps plats à transformer en draps housse, et des larges draps de dessus qui ne demandent qu'a devenir des housse de couette. Par contre oui, si c'est facile c'est encombrant, il faut la place pour manipuler le tissu. L'alèze ou la housse de matelas en revanche je n'ai jamais essayé. Il faudrait poser une fermeture immense tout autour, et avoir sans toute un tissu spécial.
Merci à toutes !
@Liseli : tu veux dire autocollant sur les deux faces ? Celui que j’ai utilisé n’était adhésif que sur une et la colle chaude n’a servi qu’à maintenir les marges repliées.
@CharliePop : j’avoue que ce n’est pas au programme pour l’instant !
@Missumlaut : On trouve du tissu à alèze en grande largeur chez Mondial Tissus.
Très intéressant comme article ! J'avais adoré les faire...et j'avais dû réviser mes maths aussi ^^ les miennes sont déhoussables (font blanc) donc lavables et peuvent être changées selon les envies. Pour celles qui hésitent faut surtout pas !