Panne de couture
La panne de couture, ça arrive un jour.
On n'y est jamais préparé, on a toujours bien entretenu sa machine, suivi les conseils du réparateur et alimenté copieusement tout le fourbi à grandes louches de pinterest, instagram et sewcialists.
On l'appelle volontiers la disparition du mojo, mais comme c'est un terme trop compliqué ou trop vaudou pour moi, disons que c'est la panne, qui résulte d'un manque de carburant dans la machine créative, l'aquabonisme qui vous tombe dessus avec sa mélancolie poisseuse et son envie de rien, le perfectionnisme rampant caché sous les franges du tapis, qui sort sa tête hideuse de derrière la tasse de thé et qui fait préférer n'importe quelle série de Netflix à tout effort de recopier un patron ou d'enfiler une aiguille double.
Et la panne peut durer longtemps. Si on la laisse s'installer, on oublie vite le plaisir, l'excitation, le sentiment de réalisation qui nous gonfle d'endorphine mêlée de sérotonine, bref, le bonheur de la couture.
C'est dangereux.
Alors ici, on cherche à chercher à constituer une boîte à outils de secours. On ne peut pas rester ainsi à se morfondre dans le "je sais pas quoi faire qu'est-ce que je peux faire " (tiens une idée pour le concours "On se fait une toile?").
illustrations : Carolyn Gavin sur Etsy / Pinterest
Voici 7 idées pour se sortir de l'acédie couturesque :
1. planifier entièrement un projet, rassembler tous les éléments, depuis le tissu au patron en passant par le fil, les boutons, la fermeture. Prendre le temps de recopier calmement, de choisir le tissu adapté, et peut-être même, avant toute chose, luxe ultime, de faire une toile (article à venir, restez connectés).
2. ranger son atelier : et oui, dans un espace ordonné, bien éclairé, où on a la place de recopier, couper, assembler sans avoir à déplacer les machines les boîtes les livres et les piles de tissus en cherchant un élastique une fermeture éclair ou le petit morceau de parementure qu'on avait pourtant découpé mais qui a disparu, ça va quand même mieux. Et plus vite. On peut aussi se créer un panneau d'inspiration en liège ou en panneau perforé, avec de petites cartes, des phrases inspirantes, des photos que l'on aime, bref, ce qui nous fait nous sentir bien.
illustrations Léna Piroux
3. rêver en regardant les créations des autres ou, mieux, se rendre compte que tout le monde a des coups de mou, des creux de la vague en lisant les témoignages ici.
4. reprendre le vêtement adoré qui ne nous a jamais fait défaut : celui qu'on a déjà réalisé x fois, comme les needlenautes obsessionnelles que l'on trouve ici. Ou bien
5. entreprendre le projet sans risque (pas ambitieux, très éprouvé), de la couture facile, un devant un dos et des manches et en avant. Ou faire des poids berlingots.
6. apprécier chaque instant, caresser le tissu, tracer avec soin, choisir de jolies épingles ou pinces ou poids berlingots pour tenir le tissu en place. Coudre très lentement. Bien écraser les coutures au fer et apprécier la chaleur qui émane du fer, le brillant du tissu repassé fraîchement. En faire un moment de méditation, un moment pour soi. Que la couture devienne, ou redevienne, une petite cabane mentale où tout est possible
illustration encore Léna Piroux
7. tenter le #20minutesdecoutureparjour pour voir avancer son projet, mine de rien.
Et vous, que faites-vous quand vous êtes en panne de couture ? Quand le mojo vous a quitté ? Avez-vous des astuces pour le faire revenir ? Dites-nous tout dans les commentaires.
Et si on a une vraie panne de machine à coudre, matérielle, technique ? Des conseils ici pour se sortir de ce mauvais pas.
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Merci pour cet article. Je trouve toujours ce type d'article très instructif, chacune pouvant y puiser des éléments qui lui parlera. Pour aller plus loin, je trouve le livre "Comme par magie, vivre sa créativité sans la craindre" très intéressant. Ce n'est pas l'aspect "crainte" qui m'a intéressé mais plutôt l'angle sous lequel la créativité était abordée. Certains éléments du livre ne m'ont pas parlé mais l'approche globale m'a permis d'aborder la couture et le tricot sous un nouvel angle.
Merci pour cet article.
De mon côté, je planifié pas plusieurs projets à l'avenue, car je n'arrive pas à suivre le planning.
Mais quand j'ai un projets je le découpe en plusieurs tâches, que je répartis sur mon temps libre.
Du coup quand je couds, j'essaye de m'en tenir à la tache prévue, comme cela j'ai l'impression d'avancer et je me garde la suite pour plus tard. Je pends le temps de l'approprier le projet.
Quand j'ai moins la motivation, je laisse de côté le temps que ça passe, je me mets à autre chose : lecture, tricot, jardinage, ou je m'inspire avec des vidéos ou sur punterest.
Je découvre une autre façon de faire.
Mon truc c'est de varier les activités pour ne pas saturer et aussi étaler mon projet, pas de pression de course à la productivité. Sinon , plus on en fait, plus on en veut, on est jamais rassasier on fini par se lasser.
Quand, je suis moins motivé pour un grand projets, je me tourne vers des petites choses: en ce moment, je couds pour la recyclerie, avec de la recup de tissus, pour faire des mouchoirs pour des kits zd. Et je participerai à un atelier couture zd. J'essaie ainsi, de mettre du sens dans la couture. J'ai l'impression de mettre ma petite graine pour une cause, et ça motive aussi.
Dans le même sens. Je me penche sur le recyclage de vêtements usés.
C’est vrai que la panne d’inspiration peut nous frapper sans crier gare et ce dans bien des domaines créatifs d’ailleurs. Je l’ai malheureusement vécu souvent. Pour ce qui est de la couture, pour moi, le ménage de l’atelier aide énormément. Un bout de tissu, un patron oublié, un bouton original et voilà que les idées reviennent. Et puis, plaisir coupable: une visite dans un magasin de tissus où on peut toucher, constater le tombé (« tomber »?) et être à nouveau frappée mais par l’inspiration cette fois...
Merci pour ces conseils bien utiles en cas de coup de mou. J'ai plutôt le problème inverse : envie de faire beaucoup (trop) de choses, et pas assez de temps morts. Mais sans avoir de panne créative, l'énergie vient elle de manière assez cyclique, on est plus motivé à certains moments qu'à d'autres. Parfois on a cette sensation de flow, les idées fusent et tout avance bien sans qu'on sente le temps passer... Quand je ne me sens pas d'attaque pour un gros projet, je m'occupe les mains avec de petites réparations ou de la broderie/du tricot devant des séries. Comme ça je me sens productive et je suis contente. Ou bien je suis le conseil n°2, je trie et réorganise mes tissus (et mes images d'inspiration papier ou numériques), ça peut donner des idées aussi !
Je pense qu'il faut aussi accepter les baisses de motivation et en faire des occasions pour réfléchir et se reposer plutôt que pour fabriquer. Et savoir lâcher un projet qui ne fonctionne pas plutôt que de s'acharner...
Je vais ajouter les berlingots à ma to-do list, moi qui déteste épingler les patrons![smiley](https://www.threadandneedles.org/static/ckeditor/ckeditor/plugins/smiley/images/regular_smile.png)
Je suis d'accord avec cette idée d'accepter.
Plus on lutte contre, plus ça bloque.
Parfois le vide, est bénéfique, laisse une place à l'imagination, au bout d'un moment on fini par trouver une solution à un blocage, une idée originale pour modifier un patron.
Je crois que Soline a raison. Pas forcer.
Je ne suis jamais en panne d'idées ; au contraire, j'en ai trop, elles me gênent et surtout quand je suis en panne d'énergie, de motivation. Planifier ? Beuark, ça devient du boulot et risque d'épuiser totalement le peu d'élan qui reste.
Ranger l'atelier ? C'est Sysiphe essayant de nettoyer les écuries d'Augias...En plus dès que je soulève un truc hop, d'autres idées. Pour lesquels il manquera toujours quelque chose.Ah, ranger la table pour pouvoir travailler dessus, en attrapant le truc qui vient et en en faisant quelque chose. (Un chapeau) Pas forcément prévu, ni indispensable, en plus ça prend un temps fou mais au moins : un truc en moins. Zut, raté .Alors pourquoi diantre c'est plus encombré après ? Parce que pour ne pas rester sur le premier ratage ou semi ratage, je recommence, je sors les doublures, les passepoils, le biais pour assortir. De nouveau ça prend un temps fou mais c'est marrant. 2, 3 chapeaux de plus. Rangement de la table, euh...Si je rangeais mes boutons plutôt ? C'est un problème d'une portée et d'une insignifiance merveilleuse : classez vous par taille, par couleur ou par matières.
Attraper un vêtement qui traine dans les tas à recycler, aller dans un fauteuil ailleurs. Découdre tout soigneusement, sans abimer le chat. Si ça ne va pas mieux après et si le tissu s'y prête, tout transformer en biais.
Rêver en trainant sur internet ? C'est trop bien, j'achète un tissu, un patron, j'y passe des heures, je ne couds pas, je me sens nulle, je regarde les beaux trucs que font les autres, celles qui sont bien fichues ou au moins normales, qui n'ont pas besoin de faire trois toiles d'ajustement pour finir avec un pantalon bancal. Ou qui après un an de couture tout en tenant un blog de l'autre main pendant la sieste des petits, font des finitions magnifiques.
Non, sur internet, la chose à regarder c'est la composition des vêtements qui me plaisent : soit c'est au MET, soit c'est 95% polyester.
Refaire un vêtement...Un quarante huit-ieme leggings (mais je n'ai pas le bon tissu) ou juste une huitième KWTS que je ne peux porter sans pantalon ? A étudier, mais une N-ième cape de GN auquel je ne participerais pas serait plus remonte-moral. Les costumes, c'est joyeux, ça n'a pas d'enjeu, si il y a un défaut ça passe quand même.
La couture facile trop facile, au point de penser à autre chose en le faisant, grosse erreur ! Il vaudrait mieux entreprendre un recyclage, moins risqué finalement.
Caresser le tissu, on ne ferais que ça hein. Laine, soie, soie, laine...Et mon imper alors ? Caresser du tissu enduit c'est bof. Allons, plutôt assembler un pdf en stock, et le classer en morceaux avec les prêts à l'emploi. C'est toujours ça de fait (et à l'abri d'une panne de DD).
Les poids, c'est une idée rigolote quand on n'est pas déja équippée (en fers à repasser par exemple). Des berlingots, habiller des grosses rondelles en métal, couler du béton dans des pots...Aaaaah, oui essayer une technique inconnue, ça c'est bon.
En fait, il y a autant de façons de combattre la panne que de sortes de pannes.
Faire ou pas, se forcer (un peu) ou pas du tout, prendre un "risque" ou n'en prendre aucun sinon celui de l'ennui.
En osant affronter le risque de l'ennui, bien le pire pour moi, j'ai appris à apprécier la couture à la main (mais seulement au fil de soie).
L'important, c'est que la composante du plaisir, où qu'on la trouve selon son caractère, soit présente.
J'ajouterais, pour dépasser des points bloquants (comme une étape qu'on appréhende parce que difficile, ou simplement pénible) , aller à un cours, un café couture, poster des messages sur t&n...
Pour moi aussi, trop d'idées s'accumulent au fil du temps et pour peu que j'ai le tissu ou le patron, ceux-ci deviennent des boulets de rappel.
Merci pour cet article, je crois que ça parle à tout le monde ! Pas vraiment de panne d'inspiration de mon côté - des idées j'en ai à la pelle - mais plutôt un manque de temps et la peur de se planter qui tétanise, justement parce que peu de temps donc très précieux (il faut bien l'utiliser, optimiser au maximum...). J'accumule les toiles ratées depuis 2 ans avec des ajustements que je n'arrive pas à surmonter, du coup je fuis en cousant pour les autres ou en faisant des accessoires. Si on devait y voir du positif, je dirais que le niveau s'améliore, mais que le seuil de tolérance s'abaisse. Un peu trop. Dans ce cas de figure, planifier peut au contraire aider, ça évite de s'éparpiller et se décourager. J'aime beaucoup l'idée des 20 minutes par jour. Sans se mettre le pistolet sur la tempe pour finir dans la nuit coûte que coûte, avancer, et obtenir quelque chose, au bout d'un moment, même imparfait, plutôt que chercher la perfection, et ne voir rien aboutir.
merci pour cet article qui vaut...pour bien d'autres activités...pour ma part j'adopterai les 20' par jour...
Euh Soline qu'est-ce que zd ?
bon travail et amitiés à tou-s/-tes
Pour ma part, c'est très rare qu'il m'arrive de ne pas avoir envie de coudre. Ou alors, il faut que je sois prise par autre chose (un voyage et son album photos-documentaire post-retour par exemple).
Mais ce qui me donne envie, très envie de commencer un projet, c'est un petit tour dans les magasins, en ville. Dans les belles boutiques. Moi, ce qui m'a toujours motivée, c'est l'originalité, les vêtements pointus, tendance, qu'on ne peut s'offrir vu leur prix. En gros, c'est mon goût pour la mode, sans cesse renouvelée, qui m'a amenée à la couture. Pour la mode originale et les beaux tissus. Pour la couleur, la texture des tissus, et la forme, l'allure des vêtements.
Du coup, j'ai toujours trop de projets en tête. Beaucoup plus que ce que je peux faire, vu le manque chronique de temps. Je dois faire un tri, et c'est plutôt cela qui est difficile.
Mais j'essaie quand même de finir un ouvrage avant d'en commencer un autre. Si je laisse tomber un projet, c'est qu'il y a un problème (d'ajustement souvent), comme pour cette combinaison ou ce pantalon raccourci et large que je rêve de me faire, pour lesquels j'ai fait un nombre incalculable de toiles, sans résultat probant.
Ranger mon coin couture ? Je le fais dès que j'ai terminé un vêtement. Tenir mon cahier de bord à jour ? Oui, ça, c'est nouveau pour moi, et rigolo. J'y raconte en détail mes avancées du jour, et j'y colle un bout de mes tissus, et éventuellement des dessins ou des photos. Utile ? Il faudra voir sur le long terme, là, je n'ai pas de recul, j'ai commencé début septembre.
Faire du recyclage ou de la récup ou du rafistolage ? Aucune envie. Les chutes, je les garde pour "on ne sait jamais, ça peut servir". Si ça rentre dans un autre projet, tant mieux, sinon, tant pis...
M'inspirer en regardant les blogs des unes et des autres ? J'adore regarder les blogs et surtout lire les articles racontant les comment et les pourquoi de chaque réalisation. J'adore voir comment les unes et les autres réagissent aux difficultés rencontrées, et comment elles les surmontent ou pas.
J'adore aussi, bien sûr regarder (feuilleter, aurais-je envie de dire), Thread and Needles, pour la variété des modèles présentés, et les liens vers les blogs des réalisatrices.
Un conseil à donner ? Un peu tout cela : faire les boutiques, en ville ou sur Internet pour celles qui habitent loin de tout, faire un tour sur les blogs, regarder la galerie de Thread and Needles, aller à des cours de couture ou à des rencontres de couturières, ou (l'idéal), se faire une bonne copine qui coud elle aussi et se motiver l'une l'autre, et puis si rien ne marche, accepter un petite baisse de forme et attendre que ça passe, tout simplement...
MILLE MERCIS pour cet article,
Cela fait un grand nombre d'année que je couds.
De cette passion, j'en ai fait mon métier.
Aujourd'hui, je suis en panne d'inspiration depuis deux mois et je constate que je ne suis pas la seule personne à qui cela arrive.
Il n'est pas facile de toujours contenter la clientèle, car beaucoup veulent le beurre et l'argent du beurre.
Il y arrive que la cliente est enchantée par le travail fourni alors que son mari, vous relate «c'est moche!». Et pourtant le tissus est choisi par la cliente, les heures de travail sont énormes pour un salaire à coup de lance pierre.
Il y a de nombreuse clientes contentes, mais il s'avère que certains clients ne savent pas le nombre d'heure que vous avez passé pour sa confection et certains clients, vous dirons «ça coûte cher!»
Oui je confirme il y a de quoi être démoralisé et être en panne d'inspiration.
Grâce à tous vos commentaires, Très Chère Couturière, je vous remercie toutes pour vos expériences vécues. Maintenant, je peux reprendre mes travaux de couture et le prochain client insatisfait et qui paie au rabais, je le mettrai à la porte.
Je vous remercie toutes pour vos messages très instructifs.
À bientôt