[Needlenaute du mois] LesFleursBleues
Serait-elle un peu romantique ? Cécile, alias LesFleursBleues, a en tout cas la plume facile, et en plus elle la met au service de la rédaction de T&N. Découvrons-la un peu mieux aujourd'hui ...
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Cécile, j’aime lire et voyager, cuisiner et écrire. Je m’intéresse particulièrement à l’écologie et à la manière dont on peut préserver la planète, au minimalisme aussi (ah ah ! il n’y a qu’à voir le minimalisme de ma galerie par exemple !). J’ai quarante et un ans, et je ne laisserai personne dire que ce n’est pas le plus bel âge de la vie.
Raconte-nous tes débuts en couture
Je ne viens pas d’une famille couturière. Ma grand-mère cousait très bien, était douée de ses dix doigts et d’une patience limitée. Ma mère a joué l’opposition en nous détournant, ma soeur et moi, de tous les travaux manuels jugés bouffeurs de temps, comme le ménage (ça d’accord), la cuisine, et la couture. Le retour de bâton a été sévère : j’ai commencé à coudre pour moi, une robe toute droite de Burda dans un joli lin, et une jupe crayon que j’avais patronnée moi-même, et puis une autre, la même, doublée et avec une ceinture montée et une fermeture invisible ; ça m’avait pris du temps mais je les ai portées jusqu’à ce qu’elles tombent en lambeaux. Un peu des accessoires pour les enfants (quand j’ai eu les miens) : des turbulettes, des bavoirs, des sacs et des pochettes ; des cadeaux aussi (des sacs, des pochettes, des turbulettes, et encore des bavoirs). Et puis, la réflexion avançant, les documentaires documentant, j’ai entrepris de coudre tout ce que je portais.
Comment définirais-tu ton style ?
C’est une question difficile. J’aimerais bien dire chic et raffiné, ou classique et épuré, ou combinatoire (mon préféré). Mais depuis que je travaille de chez moi, c’est plutôt chic et confortable. Je crois bien que je ne porte presque plus que du jersey, surtout en hiver. Et puis, je ne porte, depuis vingt ans à peu près, plus de pantalon. Du tout. Que des jupes et des robes. Bon, ça définit un peu un style !
J’aime bien une base neutre et interchangeable, dans l’esprit du projet 333 que j’avais appliqué pendant 3 mois, et que je continue d’appliquer d’ailleurs, avec des tons neutres, de plus en plus d’unis et un éclat de couleur. Je me rends compte que je porte, sur cette base, essentiellement du bleu, du gris, du noir, du blanc, et ma touche de couleur : le jaune.
Où trouves-tu l'inspiration ?
Un peu partout ! Le plus gros vient de T&N, et de ce que j’appelle les diverticules : les blogs, les comptes IG, les chaînes Youtube, les concours de T&N qui m’épatent toujours par l’inventivité des participants. Il y a aussi beaucoup les films, les expositions de peinture, les lectures aussi. C’est ce qui me nourrit d’ailleurs le plus intimement.
J’aime aussi regarder les gens dans la rue, surtout en voyage, mais aussi simplement à Paris, et je prends des petits croquis rapides sur mon carnet.
Quels sont tes matières et marques préférés ?
Les matières que je préfère, dans l’idéal, sont les belles matières, pas polluantes, éthiques, biologiques. Donc le coton, mais surtout le lin, le chanvre, la soie (ça j’adore vraiment, j’ai des goûts de luxe !). Dans la réalité, car il y a un fossé entre mes aspirations et la réalité, je couds beaucoup de jersey, de plus en plus bio-éthique-fabriqué par des gens qui vont bien, mais aussi de la viscose louche (mon point faible) et les beaux tissus au toucher mais dont j’ignore la composition et la provenance (en gros, les tissus du marché).
Mes marques préférées sont Deer and Doe qui a été la révélation pour bien coudre, avec ses pas-à-pas et ses schémas qui vous tiennent la main, et Burda Style magazine, qui vous lâche la main en plein milieu de la rue alors qu’un camion arrive, et qu’il faut quand même finir la parementure, l’école hard de la couture. Quand je vous dis que j’aime les contrastes !
Ton chef d'oeuvre ? Ton plus beau raté ?!
Mon chef d’oeuvre, c’est beaucoup dire. Je décerne le prix à mon manteau Quart Coat, parce que c’est une grosse pièce et que tout s’est bien déroulé. Il y a un an, j’aurais dit ma chemise Archer, pour les mêmes raisons. Il y a deux ans ; la robe en soie cousue pour une chère amie à ses mesures, exactement comme elle me l’avait décrite. J’aime bien essayer des techniques ou des pièces que je n’ai encore jamais cousues.
Et comme j’aime ce genre d’expériences-défis, les ratés sont vraiment nombreux : entre les tissus qui ne rencontrent jamais le modèle (un t-shirt Arsène en chaîne et trame très mou, par exemple, dont toutes les coutures se déchirent), les tailles approximatives (la robe Bubu dont le décolleté m’arrive sous le nombril, le top Ondée qui m’arrive dx centimètres au dessus du nombril), la coupe approximative (la jupe qui pourrait être un bandeau pour les cheveux, parce que, oh, il manque juste vingt centimètres, je vais bricoler, le manteau style bure-à-capucins à la coupe seyante comme tout), les vêtements pour les enfants qui n’en veulent pas alors que c’est vraiment beau et bien cousu (maintenant j’arrête et je couds égoïstement), ou enfin le modèle que je vois partout et qu’il me faut alors qu’il ne me plait pas et ne va pas à ma morphologie (les patrons japonais, par exemple, il y a une année-lumière, me faisaient très envie).
Mais le pire du pire, c’est ma première robe (enfin si on peut dire) en jersey, une seule pièce, des coutures au point droit, le tissu tellement fuyant que je n’ai rien pu en faire et qu’elle a fini en (eau de) boudin de bas de porte.
Des projets à venir ?
Plein ! Un cartable en simili-cuir sous mon pied de biche qui n’a pas le bon goût d’être en téflon, une deuxième robe Burda pour les fêtes maintenant que j’ai validé la toile, et mettre à jour ma galerie T&N.
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Ah, pas de pantalon non plus! Matières naturelles aussi! Tout ça me parle.
Ahahah! Le Burda qui te lache en pleine rue devant un camion! C'est tellement ça!!!!!
J'adore son écriture !! Et la description du burda est tellement bien trouvée! J'ai eu la chance de la croiser au salon de la grande mercerie, une chouette personne fidèle à son portrait.
Avant mes enfants, je ne portais pas de pantalons non plus, maintenant le jean a refait son retour, à mon grand désarroi mais faut dire qu'avec des petits c'est quand même bien pratique. Du coup, je passe doucement au shorts pour allier féminité et confort, il me tarde qu'ils grandissent pour reporter des jupes et des robes!
Très joli article ! La comparaison entre Deer and Doe et Buda m'a faut beaucoup rire! C'est vrai que la soir c'est super chouette... il est bien dommage que ce soit aussi coûteux !
Douceur et poésie, sous la plume comme en couture :)
Gniiii, mais quelle star! Chouette portrait ma belle!
Ton dans ce portrait me parle, le paradoxe de la couturière éco-consciente qui craque pour une jolie viscose ou un tissu-pas-cher-du-marché ; la main lâchée de burda, le refus incompréhensible des enfants de porter les vêtements cousus main!!
Bref, merci pour ce si chouette portrait!
Tout à fait d'accord avec les explications Burda auxquelles on ne comprend rien
Et bravo pour les choix de tissu, je suis dans la même tendance.
Bien sympa, ce portrait !