[Livre] Quoi de neuf sur la couture ?
Il y a des bouquins qui dégagent un charme indéfinissable.
Quand en prime l'histoire, ou plutôt les histoires, nous plongent directement dans l'ambiance et les détails d'un atelier de confection pour dames en 1945/46, c'est encore plus précieux pour une amoureuse de la couture telle que moi, d'où l'envie de vous en faire profiter. Quoi de neuf sur la guerre, de Robert Bober, se passe un an ou deux après la libération, dans un atelier de confection de la rue de Turennes. Un atelier juif donc. On y croise le patron, M. Albert, qui durant la guerre a inventé un système de coupe complet tenant sur une simple feuille et qui, comme sa femme Léa, espère que son fils fera un métier moins difficile. On y trouve aussi Léon, le presseur qui écrase joyeusement les plis et a des idées très particulières sur la façon dont un vêtement doit tomber. L'équipe est complétée par les deux mécaniciens, Maurice et ses souvenirs d'apprenti "au pays" et Charles qui déteste coudre le Teddy Bear, ainsi que leurs finisseuses. Et de temps en temps passe aussi Joseph, l'étudiant, apprenti éducateur et futur écrivain, qui commet erreur sur erreur et dans lequel Robert Bober a mis beaucoup de lui-même.La guerre n'a pas sa place dans l'atelier,
on n'en parle pas et chacun essaie de retrouver une vie paisible et sans histoire. Mais la guerre, la colère et la peine prennent parfois toute la place dans l'atelier, s'imposant au coin d'une conversation, d'une chanson d'enfant ou d'un jeu de loterie. Et au final le travail de couture quotidien est souvent ce à quoi les personnages finissent par se raccrocher, leur façon de mettre de côté les drames et d'envisager la suite le plus sereinement possible.Une fois n'est pas coutume,
je ne vous conseille pas le livre original mais plutôt la version destinées aux enseignant et publiée par Gallimard-éducation dans laquelle vous trouverez en plus une foule de détails passionnants sur les différents thèmes abordés, dont les ateliers de confections et le vocabulaire technique utilisé. Vous pouvez aussi regarder le joli film qu'en a tiré Michel Deville, Un monde preque paisible, bien que celui-ci soit un peut-être peu lent et surtout fasse la part moins belle à la couture.Ajouter un commentaire
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Je viens de tomber sur cet article.... En lisant cet ouvrage il y a 15 ans, j'ai découvert avec beaucoup d'émotion que mon grand-père figurait dans les personnes remerciées par l'auteur (avec son prénom français que jamais personne n'a utilisé dans la famille, et pour cause : il se prénomait Avroum, diminutif russe d'Abraham, ce que l'état civil français avait jugé pertinent de remplacer dans les années 20 par... Adolphe). Une anecdote est inspirée par sa vie : il est arrivé à Paris sans parler un mot de français et il est tombé sur une affiche du théâtre yiddish. Une autre personnage devient photographe dans les années 50... comme mon père.
Merci pour ta chronique !