[Interview] Vieilles dentelles
Ségolène est une de nos lectrices. Parisienne depuis 7 ans, elle est étudiante en restauration d'arts textiles et tient un blog au contenu délicieusement désuet. Elle a gentiment répondu à mes questions!
J'ai une passion pour la dentelle ancienne que je collectionne depuis 5 ans. Je commence à être envahie et me trouve "contrainte" de les intégrer de plus en plus à mes créations. Enfantdéja, je pouvais passer des heures devant les pages « costumes » des dictionnaires illustrés ! Au lycée, je voulais être costumière, mais mon entourage m'a convaincu qu'il valait mieux faire des études de lettres, et je me suis donc retrouvée en hypokhâgne. Mais quand j'ai entendu parler du métier de restaurateur textile, je me suis dit : « c'est le métier qu'il me faut ! » et j'ai abandonné la littérature...
Aujourd'hui, je suis étudiante à l'Institut National du Patrimoine, au département restauration. L'objectif de cette école est de former des spécialistes en restauration d’œuvres ou d'objets d'art dans la spécialité choisie : arts textiles, arts graphiques, mobilier,...
C'est une formation assez complète : on y étudie entre autres l'histoire de l'art, la conservation préventive, la chimie, un peu de physique, la biologie, les langues, un peu de droit, du dessin, ... La pratique se divise en deux, avec les techniques anciennes (dentelle, tissage, broderie, teinture, fleurs, chapeaux, coupe, etc.) et la restauration, où nous travaillons avec des professionnels sur des objets que des musées nous confient. J'ai ainsi pu restaurer un costume d'opéra-ballet du 17ème siècle en tissu et cuir argenté, une robe de soirée des années 1905 avec des hirondelles en dentelles incrustées dans la jupe en soie, ou encore le trousseau d'une poupée de mode des années 1870.
Je suis actuellement en 4ème année, et après mon diplôme, j'espère travailler pour des musées, pour restaurer les collections de textiles anciens qui vont être exposés ou qui ont besoin d'une restauration. Mais j'aimerais aussi continuer à faire de la création à côté, à travailler un peu sur commande pour des bibis, des accessoires ou des robes de fête, et à faire des costumes pour la reconstitution historique. Mais je ne sais pas encore si j'arriverai à concilier ces activités, et comment...
Ce qui est difficile et passionnant, c'est que la restauration est différente pour chaque objet et qu'il faut tout réinventer à chaque fois.
Si j'y réfléchis, ma plus grande fierté est de voir exposé des œuvres qui, sans restauration, seraient restées au fond d'une réserve. Ça m'est arrivé avec une robe de Christian Dior de 1953, en organza blanc rebrodé de perles, qui est montrée à Mulhouse pour l'exposition sur Willy Maywald. Et j'ai aussi restauré une broderie médiévale en fils d'or qui se trouve actuellement dans une vitrine du Musée des Arts Décoratifs de Paris.
Pour celles qui, comme moi, collectionnent les vieilles dentelles, voila mon mode opératoire pour les remettre en état. Mon premier conseil, c'est « pas de javel ! »
L'action blanchissante est spectaculaire, mais l'eau de Javel attaque les fibres et les fragilise. Assez rapidement, la dentelle va s’oxyder, redevenir jaune ou grise, et surtout se déchirer à la moindre sollicitation... Si les dentelles sont assez solides (pas de déchirures, fil épais) vous pouvez les laver à la machine, dans un filet et à un programme délicat. Si elles semblent fragiles, on peut les laver à la main, à plat dans un bac dans de l'eau froide, en appliquant avec une éponge douce de la mousse de savon. Mais il faut bien garder en tête qu'on peut rarement faire des miracles, et que le charme des vieilles dentelles c'est justement leur côté jauni et « pas net » !
Le blog de Ségolène c'est ici : http://talonsaiguillesetvieillesdentelles.blogspot.com/
A propos de l'auteur : lathelize
Elle dessine ce qu'elle coud, elle coud ce qu'elle dessine, et si elle manie le crayon à merveille elle sait aussi prendre le clavier pour le blog !
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Commentaires
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Je ne connaissais pas ce métier ni cette formation, ça laisse rêveuse une telle activité... C'est vraiment extra-ordinaire ! *étoiles dans les yeux*
J'aime la diversité des articles que l'ont trouve sur T&N, merci pour cette rencontre très agréable et merci aussi pour le conseil "mode opératoire" pour les vieille dentelles, j'en ai aussi quelques unes et je n'ai jamais osé les nettoyer de quelque manière que ce soit !
Une lectrice ravie ^^
Grande fan de Ségolène je suis ravie d'en apprendre un peu plus!
Quelle fierté ce doit être de voir son travail exposé!! Moi aussi ton métier me fait rêver!
Et j'aime le style inimitable que cela donne à tes créations... À très bientôt sur ton joli blog!
Ca a l'air passionnant comme métier ! Merci pour cet article et je file voir le blog !
Moi aussi je découvre, et ça me fait autant rêver que les bonus du seigneur des anneaux sur l'équipe de costumières.
C'est génial et magnifique !
J'avais vu une émission sur une école similaire en Italie, ça m'avait fait rêver! Merci pour le conseil sur les vieilles dentelles! Récemment j'en ai acheté pas mal... ça va certainement me servir! Et pour le blog de Ségolène, je le fréquente déjà, héhé ;)
Je me disais bien que j'avais déjà vu cette robe quelque part. Jusqu'à ce que je lise qu"elle est exposée à Mulhouse. Je viens de le visiter.
Je n'avais jamais entendu parlé de cette formation. Cela doit être trés intéressant.
ce doit être des études passionnantes pour un métier tout aussi passionnant.
Je ne connaissais pas l'intitulé exacte de ce métier... Cela semble vraiment intéressant et enrichissant!!!! J'aime ces métiers utiles et tellement différents de ce que l'on peut trouver au quotidien.
quel joli métier qui fait travailler la tête et les mains ! j'adore.
Joli parcours Ségolène, j'espère que tu trouveras un poste de rêve après cette formation;
Pour nettoyer utilises tu le savon au fiel de boeuf, on le trouve en droguerie et c'est éfficace sur beaucoup de tâches dont les mûres.
merci les filles ! Ça me fait très plaisir de voir que la restauration de textiles vous intéresse...
@Gogopili: je n'ai jamais utilisé le savon au fiel de boeuf, en atelier nous utilisons des savons doux spécifiques, et chez moi c'est tout au savon de marseille !
Tient, elle a le même prénom que moi. Et j'ai voulu faire moi aussi costumière. Et je le veux toujours d'ailleurs. Elle a un métier en or entre ces mains :)